J’ai eu envie de lire cette étude qui a suscité des controverses à sa sortie en 2016.
Philippe Bihoux et Karine Mauvilly se sont interrogés sur la pertinence du Plan numérique initié par François Hollande en septembre 2014 pour l’école de la République qui prévoyait de lutter contre les inégalités sociales d’ici 2018 avec un taux d’équipement d’un outil par élève.
Face à ce discours nous incitant à considérer la technologie comme la panacée susceptible de guérir l’école de tous ses travers, loin de former les citoyens de demain, ce plan signe pour les 2 auteurs « un aveu de défaite pédagogique, écologique, sanitaire et sociétal ». Enseigner consisterait au contraire à apprendre à se passer du numérique.
De la lanterne magique au numérique, la première partie de l’ouvrage est consacrée à l’historique des machines à enseigner à l’école. Puis il est fait référence à différentes d’études, notamment celle de 2015 de l’OCDE , qui constatait qu’en moyenne au cours des 10 dernières années, les pays ayant consenti d’importants investissements dans les technologies de l’information et de la communication dans le cadre de l’éducation n’ont enregistré aucune amélioration notable des résultats de leurs élèves en compréhension de l’écrit, en mathématiques et en sciences. « Les élèves utilisant beaucoup l’ordinateur obtiennent de moins bons résultats en compréhension de l’écrit, même après contrôle de leur milieu d’origine. Pourquoi la Corée du Sud qui a un taux d’équipement faible ou Singapour qui a un niveau très élevé de numérisation sont ils en tête en terme d’éducation ? »
Les impacts écologiques, économiques, sanitaires et sociaux sont également traités. La dernière partie aborde des pistes d’action, comme le recentrage de l’école sur les matières de base, la réorganisation du temps scolaire, le retour du par cœur pour certaines matières etc.
Ce qui est certain, c’est que les capacités intellectuelles et attentionnelles sont liées au bon développement de la motricité fine de la naissance à 6 ans, issues d’expériences sensorielles, aux mouvements. Un point de vue défendu par cette campagne d’information de la Fédération Wallonie-Bruxelles via le site Yapak, qui vise à sensibiliser les parents des jeunes enfants sur les effets négatifs des écrans (télévision, tablette, smartphone, ordinateur…) avant l’âge de 3 ans.
Une initiative similaire en France dans le cadre d’un campagne initiée en mars 2016 par le CSA français pour sensibiliser le public aux risques liés à l’exposition des enfants de moins de 3 ans à la télévision ou par Serge Tisseron, psychiatre et président de l’association 3-6-9-12, apprivoiser les écrans et grandir. La règle « 3-6-9-12 » défendue par Serge Tisseron donne des repères articulés autour de quatre étapes essentielles de la vie des enfants : l’admission en maternelle, l’entrée au CP, la maîtrise de la lecture et de l’écriture, et le passage en collège.
230 pages
Seuil, 2016